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Ça bulle en thèse ?

Art et culture Article publié le 02 avril 2024 , mis à jour le 02 avril 2024

Depuis 2021, plusieurs doctorantes et doctorants de l’Université Paris-Saclay exposent chaque année, sur deux planches de bande dessinée, leur sujet de recherche. Le projet La recherche sort de sa bulle, organisé par la Diagonale Paris - Saclay, propose à ces étudiantes et étudiants une série d’ateliers accompagnés par l’illustratrice Marine Spaak pour réaliser leur propre bande dessinée. Dans le cadre du label Science avec et pour la société (SAPS), les doctorantes et doctorants communiquent ainsi sur leur recherche en dehors du monde académique et auprès d’un large public.

Cet article est issu de L'Edition n°23.

« À quoi sert la recherche si elle ne quitte jamais les paillasses ? » C’est la question dont s’est emparée la Diagonale Paris- Saclay, la direction arts, culture, sciences et société de l’Université Paris -Saclay. Sa mission est de faire le lien entre les activités scientifiques et le reste de la société : elle s’engage à rendre la science accessible à tous et à toutes et par tous les moyens, notamment en exploitant les médias visuels. Outre la création de vidéos, podcasts et autres jeux de société, Charlène Corty, chargée de médiation scientifique au sein de la Diagonale, organise depuis deux ans les ateliers La recherche sort de sa bulle.

Ce programme de l’Université reprend le modèle de Sciences en bulle, une initiative du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) qui sélectionne tous les ans dix doctorantes et doctorants français. Ces dix lauréates et lauréats se voient ensuite proposer d’écrire une bande dessinée (BD) sur leur sujet de thèse. Seulement, « chaque année, nous avons plusieurs personnes intéressées » sur l’ensemble du campus de l’Université Paris - Saclay, remarque Charlène Corty. Depuis deux ans, l’Université propose donc à ses doctorantes et doctorants un cycle de formations sur l’écriture de BD. Au sein de ces ateliers, financés par le label SAPS du MESR, les doctorantes et doctorants intéressés ont pour objectif de créer deux planches de BD donnant à voir leur sujet de recherche. Accompagnés par l’illustratrice Marine Spaak, les étudiants élaborent un story board : un document rassemblant le texte, le découpage et les idées visuelles de la bande dessinée. L’illustratrice finalise ensuite les dessins et la colorisation.

Une formation pour doctorantes et doctorants

Au cours des quatre ateliers de formation, les étudiantes et étudiants élaborent eux-mêmes leur story board. Elles et ils procèdent par étape et font face à plusieurs défis. La première difficulté est liée à la contrainte de place : « deux fois six cases de BD, ça ne fait pas beaucoup », commente Kévin qui a participé à l’édition 2022. Il faut donc choisir les messages à faire passer, les hiérarchiser et éventuellement sacrifier les moins importants au bénéfice de la clarté.

Cette première partie écrite précède celle réservée aux spécificités de la BD, incluant notamment le bon découpage du propos et du message attribué à chaque case. Enfin, la dernière étape est visuelle et centrée sur l’esquisse des premiers dessins. Pour Alice, autre participante de l’édition 2022, l’enjeu est alors « d’imager sa thèse. Mettre de l’humour, ce n’est pas évident ». D’après la doctorante, l’apport d’un regard extérieur durant les ateliers en groupe, des autres doctorantes et doctorants comme des encadrants ne travaillant pas dans la recherche, est précieux. « Elles et ils nous font des retours auxquels on ne s’attend pas du tout mais qui aident vraiment », souligne Alice.

La BD comme moyen privilégié de diffuser l’information scientifique

Cette expérience d’écriture de bande dessinée pour les doctorantes et doctorants est un pas en avant vers une meilleure capacité de vulgarisation scientifique. Celle-ci peut se conjuguer avec d’autres programmes portés par l’Université ou le MESR, comme Ma thèse en 180 secondes ou l’annuelle Fête de la science. La force de la bande dessinée est de concentrer beaucoup d’informations, en jouant à la fois sur le texte et le dessin. « En bande dessinée, il est possible de raconter beaucoup de choses en une seule case », note Alice. Par ailleurs, les médias visuels sont souvent considérés comme plus accessibles par le grand public et participent à démystifier la recherche. « Mes proches m’ont fait remarquer qu’il était plus facile de comprendre mes recherches grâce à la BD », relate Kévin.

Retrouvez toutes les BD de La recherche sort de sa bulle ainsi que les créations 2023 réalisées avec l'illustratrice Alice Varoquaux sur le site Science & société.