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Fabrice Barlesi : contribuer à guérir le cancer au 21e siècle

Portrait de chercheur ou chercheuse Article publié le 09 février 2023 , mis à jour le 16 février 2023

Fabrice Barlesi est professeur de médecine à l’Université Paris-Saclay et directeur général de Gustave Roussy. Spécialisé en cancer du poumon, en médecine de précision et en immunologie des cancers, il contribue à développer des thérapies innovantes contre les cancers.

Passionné par les sciences mais aussi par les relations humaines, Fabrice Barlesi débute ses études de médecine en 1989, à Aix-Marseille Université. Il entame son internat en 1994, puis soutient sa thèse en 1999. Celle-ci porte sur la meilleure manière d’adapter et de personnaliser les stratégies thérapeutiques en oncologie thoracique grâce aux données recueillies auprès de patientes et patients. Ces travaux sont récompensés par une médaille d’or de l’université, ce qui lui donne l’opportunité de prolonger son internat durant un an au sein du département d’oncologie du Princess Margaret Hospital à Toronto, au Canada.

De retour en France en 2000, Fabrice Barlesi est nommé chef de clinique des universités - assistant des hôpitaux à Marseille, puis, en 2004, il rejoint l’équipe d’oncologie du Vrije University Medical Center d’Amsterdam (Pays-Bas). L’année suivante, il revient à Marseille en tant que maître de conférences des universités - praticien hospitalier, et, en parallèle, il effectue en 2008 un master de management général hospitalier à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), afin de se préparer à diriger des équipes. Il est nommé professeur des universités en 2009, et son ambition managériale se réalise en 2010 lorsqu’il crée le service d'oncologie multidisciplinaire et innovations thérapeutiques à l'hôpital Nord de Marseille. En 2011, il crée le Centre d'essais précoces en cancérologie de Marseille, consacré Centre labellisé INCa – Institut national du cancer - de phase précoce (CLIP2) en 2015 et en 2019.

 

Comprendre pour guérir

« La recherche qui m'anime, c'est celle qui offre un contact direct avec les patientes et les patients », déclare Fabrice Barlesi. Il souhaite comprendre les mécanismes biologiques à l’origine de l’agressivité des cancers bronchiques pour développer des diagnostics précoces et mettre en œuvre les moyens technologiques capables de fournir des réponses thérapeutiques adaptées, le plus rapidement possible. « Car, malgré les progrès réalisés en oncologie thoracique grâce aux thérapies ciblées et à l'immunothérapie, le cancer bronchique reste une maladie très fréquente, qui concerne 48 000 personnes en France chaque année et est malheureusement souvent fatale. »

 

Deux domaines phares : la médecine de précision et les essais cliniques précoces

« Aujourd'hui, nous avons une meilleure compréhension de ce qu’est le cancer. C'est une association de maladies, parfois rares, classées par caractéristiques moléculaires », explique le spécialiste. En abordant l’étude des tumeurs par leur caractérisation biologique, il est possible de segmenter des groupes de patientes et de patients, afin d’adapter leurs traitements. Car chaque tumeur constitue une association unique de particularités (altération génétique, épigénétique, mécanisme immunitaire, etc.) « Le cancer bronchique est un des modèles les plus aboutis avec plus d'une dizaine d'altérations moléculaires identifiées, pour lequel il existe des traitements ciblés. » La médecine de précision consiste ainsi à comprendre la manière dont ces traitements fonctionnent pour certaines et certains et pas pour d’autres, et à développer des stratégies thérapeutiques adaptatives et personnalisées. Pour y parvenir, le chercheur favorise la réalisation d’essais cliniques précoces au cours desquels de nouvelles molécules sont testées auprès de patientes et de patients, afin d’évaluer leurs effets et efficacité et contribuer au développement de thérapies innovantes contre le cancer.

 

Une importante activité de recherche largement récompensée

Avec plus de 430 publications dans le domaine des essais cliniques, un titre de Highly cited researcher - le classement des scientifiques les plus cités au monde - depuis 2019, et une activité d’investigateur principal de plusieurs essais cliniques, Fabrice Barlesi présente une activité de recherche prolifique. Jusqu’à récemment, celle-ci s’est principalement opérée au Centre de recherche en cancérologie de Marseille, au sein de l'équipe médecine de précision. « J’y ai créé et développé la partie oncologie thoracique en 2015, axée notamment sur les signatures génomiques prédictives des métastases cérébrales et leur utilisation sur ADN circulant. »

Des collaborations avec des mathématiciens d'Aix-Marseille Université, afin de modéliser des processus biologiques du cancer, déterminer in silico (via des avatars numériques de la maladie) leur évolution et identifier la meilleure manière de traiter les patientes et patients, sont également à noter. Entre 2014 et 2017, Fabrice Barlesi remporte par ailleurs plusieurs appels d’offre A*Midex – l’initiative d’excellence d’Aix-Marseille Université. En 2015, il co-créée le cluster Marseille Immunopole, un partenariat public-privé dédié au développement de l’immunothérapie. « Sur cette lancée, nous avons candidaté à l’appel d’offres en recherche hospitalo-universitaire en santé (RHU) avec le projet Pioneer, qui a pour objectif de comprendre, contourner et résoudre les mécanismes de résistance aux anticorps anti-PD1 (Programmed cell death protein 1) et anti-PDL1 (Programmed death - ligand 1) dans le cancer bronchique non à petites cellules. » Ces anticorps bloquent l’interaction PD-1/PD-L1 (point de contrôle immunitaire) inactivant un rétrocontrôle négatif de l’activation du système immunitaire, et provoque la mort des cellules tumorales via, notamment, les lymphocytes T cytotoxiques. En récompense de ses recherches, Fabrice Barlesi reçoit de nombreux prix, dont, en 2018, le Heine H Hansen, et, en 2021, le Daniel C. Ihde Award, décernés par la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) et l’International Association for the Study of Lung Cancer (IASLC).

 

La direction de Gustave Roussy

En 2020, Fabrice Barlesi est invité à rejoindre Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe et troisième mondial, en tant que directeur médical et de la recherche clinique. « J’ai pris cette décision par amitié pour Jean Charles Soria, le directeur général du centre à cette époque, et parce que j’ai vu dans cette opportunité un nouveau défi passionnant à relever. » En 2021, au départ de son ami, il prend la direction de Gustave Roussy, et en 2022, il est muté à la Faculté de médecine de l’Université Paris-Saclay pour y poursuivre ses fonctions universitaires.

Son ambition pour Gustave Roussy est de développer, dans le contexte de l’Université Paris-Saclay, un véritable cancer campus dédié aux soins et à la recherche en cancérologie, notamment interdisciplinaire, et en nouvelles stratégies thérapeutiques, tout en développant le rayonnement international du centre. De nouveaux bâtiments de recherche devraient prochainement voir le jour, pour accueillir, espère Fabrice Barlesi, un nouvel institut hospitalo-universitaire (IHU). Le chercheur souhaite aussi valoriser la formation et l’attractivité des talents de Gustave Roussy en France et à l’international. « Avec nos équipes, je souhaite perpétuer la mission que Gustave Roussy poursuit depuis cent ans de prendre en charge les patientes et patients vivant avec le cancer, et j’y ajoute l’ambition de développer nos savoir-faire pour parvenir à guérir le cancer au 21e siècle. »

 

Paris-Saclay Cancer Cluster

Fabrice Barlesi a participé à la création du Paris-Saclay Cancer Cluster en 2022, co-fondé par l'Université Paris-Saclay, Gustave Roussy, l'École polytechnique, l’Inserm et Sanofi. Créé dans le cadre du programme France 2030, ce centre de recherche dédié à l’oncologie a pour but de concentrer des activités de recherche et des talents, académiques et industriels, afin de développer de nouveaux médicaments rapidement. « En France, nous avons un niveau de recherche très élevé, mais une capacité plus limitée en matière de valorisation. Cette initiative, inédite en France, vise à redonner au pays une certaine indépendance sanitaire dans les traitements du cancer. »

 

Fabrice Barlesi (c)Gustave Roussy