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Jean-Christophe Tavanti : l’économie et le management à la croisée des sciences

Portrait de chercheur ou chercheuse Article publié le 12 janvier 2023 , mis à jour le 19 janvier 2023

Jean-Christophe Tavanti est maître de conférences au Centre d’économie de l’ENS Paris-Saclay (CEPS – Univ. Paris-Saclay, ENS Paris-Saclay), ex-directeur du Département d’économie et de gestion de l’ENS Paris-Saclay et depuis 2020, directeur-adjoint Formation de la Graduate School Économie & Management de l’Université Paris-Saclay. Pour cet économiste, spécialiste des marchés financiers, l’économie et le management ont un rôle de plus en plus important à jouer auprès des autres disciplines, à la croisée des sciences humaines et sociales et des sciences dures.

Jean-Christophe Tavanti s’inscrit, un peu par hasard, en sciences économiques à l’Université d’Aix-Marseille au début des années 80. Ayant obtenu une bourse, il décide de s’engager dans une thèse à l’EHESS en économie-mathématiques sur les problématiques des marchés financiers. Un sujet qu’il contribue depuis lors à renouveler. Il soutient sa thèse en 1994 et passe une année à l’université de Toulon et du Var en tant qu’attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER). En septembre 1995, il obtient un poste de maître de conférences à l’ENS Paris-Saclay (ex ENS Cachan). 

Au sein du laboratoire CEPS, créé à la faveur du déménagement récent de l’ENS sur le plateau de Saclay, les recherches de Jean-Christophe Tavanti s’appuient en particulier sur des mathématiques spécifiques et des outils informatiques. « Je fais de la simulation de marchés financiers artificiels », explique-t-il. Ce champ académique, qui a une vingtaine d’années, est aujourd’hui en nette progression, selon l’enseignant-chercheur. « Nous programmons des marchés financiers virtuels à l’aide de l’outil Netlogo, un logiciel libre. Nous pouvons ainsi tester, avec différents acteurs et protocoles, des méthodes de taxation ou bien étudier des faits statistiques trouvés dans la réalité. » Cette méthode efficace est très utilisée en cours. Elle complète toutes les autres exploitées en économie, en gestion et en management, ainsi que dans d’autres champs disciplinaires, comme la sociologie ou la météorologie.

 

Plus « enseignant » que « chercheur »

« L’enseignement, c’est mon métier ! déclare Jean-Christophe Tavanti. Je me suis toujours volontiers investi dans les responsabilités pédagogiques. » Ce plaisir d’enseigner prend sa source au moment de sa thèse. « Au sein d’une association, je donnais des cours de mathématiques aux chômeuses et chômeurs de longue durée sans diplôme ainsi qu’à de jeunes filles mères. C’est à ce moment-là, sans aucune expérience pédagogique, que j’ai goûté pour la première fois à la satisfaction d’apporter des choses utiles dans la vie quotidienne de personnes qui en avaient besoin. » 

Dès son arrivée à l’ENS Paris-Saclay, il prend en charge la préparation des étudiantes et des étudiants à l’agrégation d’économie et de gestion. « La polyvalence des enseignements (économie, mathématiques statistiques, etc.) demandait beaucoup de temps de préparation, comme en classe préparatoire », se souvient-il. Jean-Christophe Tavanti est responsable de la Licence 3, puis du master 1 d’économie, et ensuite directeur du Département d’économie et de gestion de 2017 à 2020. Celui-ci vient de fusionner avec le Département des sciences humaines et sociales. Aujourd’hui, Jean-Christophe Tavanti a la responsabilité des diplômes au sein de l’ENS Paris-Saclay. Depuis 2016, il assume également la vice-présidence du concours d’entrée en économie-gestion. 

 

En scène !

Jean-Christophe Tavanti prépare ses cours comme une prestation théâtrale. « Elle est plus ou moins bonne selon les jours, sourit-il. Mais la plupart du temps, la forte participation et le retour positif des étudiantes et des étudiants pendant et après les cours témoignent de leur satisfaction. » Sa méthode repose sur l’intuition et l’analogie. « Comme il y a beaucoup de mathématiques dans mes cours, je raconte toujours au préalable l’histoire complète. Car si on se laisse dominer par les maths, qui ne sont en réalité qu’un outil, on ne comprend rien. Si vous visualisez où vous voulez en venir, il n’y a plus qu’à investir un peu dans l’outil une fois rentré chez soi. » 

Parfois, l’investissement de l’enseignant-chercheur auprès des étudiantes et des étudiants est récompensé par la publication d’un de leurs articles. Les enseignements, adossés à la recherche, doivent être actualisés en permanence. L’économie et la gestion sont aussi des disciplines qui évoluent constamment au gré de l’actualité. « Lorsque des crises économiques se produisent, on se dit qu’on rien vu venir, constate-t-il. Nous devons déconstruire les a priori sur les marchés financiers en comparant ce que disent le champ académique et le champ professionnel. Parfois ils s’accordent, parfois non. J’apprends aux étudiantes et aux étudiants à être critiques. » 

 

Naissance de la Graduate School Économie & Management

Depuis 2020, Jean-Christophe Tavanti est directeur-adjoint Formation de la Graduate School Économie & Management de l’Université Paris-Saclay. Cette Graduate School rassemble plus d’un millier d’étudiantes et étudiants et 250 enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs de plusieurs institutions de l’Université : Faculté Jean Monnet, Université d’Évry, Université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), ENS Paris-Saclay. Outre un master d’économie commun aux quatre institutions, la Graduate School propose également actuellement onze mentions de master 1 et 37 de masters 2 d’économie. « La stratégie formation repose aujourd’hui sur la mutualisation et le développement de projets transverses, insiste le directeur-adjoint. Elle s’appuie aussi sur la stratégie scientifique qui a été clairement définie par la Graduate School. De ce fait, nous travaillons sur les liens entre les masters et les doctorats. Notre objectif est de rendre encore plus visible l’économie-gestion auprès des autres sciences dites "dures". » Outre le master commun, nombre de mentions en économie sont enseignées intégralement en anglais. « Nous visons à terme y accueillir 50 % d’étudiantes et d’étudiants étrangers. » 
 
Malgré l’éloignement géographique ou la crise sanitaire due au COVID-19 ayant engendré des habitudes de télétravail peu propices aux rencontres, des événements fédérateurs concourent petit à petit à construire une identité commune à la Graduate School. C’est le cas de la cérémonie de remise des diplômes qui s’est récemment déroulée à l’opéra de Massy. « Nous sommes beaucoup soutenus par l’Université Paris-Saclay, conclut Jean-Christophe Tavanti. Je suis d’ailleurs convaincu que les Graduate Schools constitueront à terme le noyau dur de l’Université. »

 

Jean-Christophe Tavanti (c)Université Paris-Saclay