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Maryse Bresson : une sociologue engagée sur les questions de précarité

Portrait de chercheur ou chercheuse Article publié le 14 avril 2022 , mis à jour le 21 avril 2022

Maryse Bresson est professeure de sociologie à l’Université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), chercheuse au laboratoire Professions, institutions, temporalités (PRINTEMPS – Université Paris-Saclay, UVSQ, CNRS) et directrice-adjointe Recherche de la Graduate School Éducation, formation, enseignement de l’Université Paris-Saclay. Spécialisée dans la sociologie des précarités et de l’intervention sociale, ses travaux portent sur les thématiques du travail social, du handicap, de la vieillesse et de la vulnérabilité.

Élève à l’École normale supérieure de Cachan (devenue ENS Paris-Saclay) de 1988 à 1992 au département des sciences sociales, reçue en 1991 à l’agrégation de sciences économiques et sociales, Maryse Bresson décide en quatrième année de sa scolarité à l’ENS Cachan de s’orienter vers un DEA de sociologie. Puis elle enseigne comme allocataire monitrice normalienne (AMN) dans cette grande école en même temps qu’elle se consacre à une thèse sur la question de la pauvreté. Son doctorat en poche, et après une année comme professeure de sciences économiques et sociales en lycée, elle obtient en 1996 un poste de maîtresse de conférences à l’Université de Rouen avant de rejoindre en 1999 le département carrières sociales de l’IUT de l’Université Lille 3. En 2004, à tout juste 37 ans, elle passe son habilitation à diriger des recherches et rejoint en 2008 l’UVSQ comme professeure de sociologie. Une trajectoire qui, au fur et à mesure de ses postes, élargit la thématique de recherche qui est la sienne depuis le début – la question de la précarité – et l’ouvre à de nouvelles problématiques tout en l’autorisant à accepter de nombreuses responsabilités. 

 

L’étude de la précarité comme fil rouge

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Maryse Bresson ne fait pas les choses à moitié. Pour preuve, lorsqu’elle décide de consacrer sa thèse à la question des SDF dans la France contemporaine, elle s’engage en parallèle comme bénévole dans un bureau d’aide sociale et dans diverses associations. « Travaillant à cette époque avec une approche ethnographique fondée sur l’observation participante, il était essentiel pour moi de pouvoir être sur le terrain pour étudier mon sujet », explique l’enseignante-chercheuse. Bien qu’au tout début de sa carrière, elle n’hésite pas à sortir des sentiers battus pour creuser son propre sillon. « Alors que la plupart des chercheurs dans ce domaine s’attachaient à montrer l’importance du travail comme vecteur d’intégration, j’insistais de mon côté sur l’importance de l’adresse. Je refusais par ailleurs l’explication consistant à faire de la fragilité et des troubles mentaux des SDF la seule raison de leur précarité et pointais la contradiction des normes sociales qui, d’un côté, prônaient la flexibilité de l’emploi et, de l’autre, imposaient la stabilité des revenus comme condition d’accès au marqueur d’intégration qu’est le logement », poursuit-elle. Des travaux qui aboutiront à la publication d’un premier ouvrage intitulé Les SDF et le nouveau contrat social.

 

De l’insertion à la participation

Après trois années passées à l’Université de Rouen comme maîtresse de conférences en sociologie, elle choisit en 1999 de rejoindre l’IUT de Lille. « Outre le fait que, pour des raisons personnelles, je souhaitais revenir sur Lille, il se trouve que cet IUT m’offrait la possibilité d’approfondir mes thèmes de recherche puisqu’il disposait d’un département carrières sociales qui formait des travailleurs et travailleuses sociales », indique l’enseignante-chercheuse. Maryse Bresson intègre alors en tant que sociologue l’option métiers de la ville qui se consacre aux questions d’exclusion, notamment dans les banlieues sensibles. « Toujours avec une approche ethnographique, je me suis intéressée à la question de l’insertion en réalisant une enquête dans les centres sociaux », indique Maryse Bresson. L’occasion pour elle de découvrir toute une population qui n’est pas définie par l’exclusion ni la grande pauvreté, mais par des formes diverses d’incertitude et de précarité. « C’est ainsi que j’ai commencé à approfondir les enjeux liés à la dimension des liens sociaux, de la participation, avec pour angle d’éclairer le paradoxe entre les politiques menées pour faire participer les habitantes et habitants et la réalité des dispositifs. » Un nouvel élargissement de son champ de recherche qui aboutira à la publication d’un nouvel ouvrage : Les centres sociaux entre expertise et militantisme (2002). En parallèle de ces activités de recherche, elle créé la licence pro Intervention sociale, mention Coordonnateur de projets participatifs, puis devient successivement cheffe du département carrières sociales puis directrice de l’IUT. 

 

De la précarité du travail à la question de la vulnérabilité

Lorsqu’elle rejoint le laboratoire PRINTEMPS en 2008, elle ouvre encore son champ de recherche en se penchant sur la question de la précarité dans le monde du travail et notamment de l’emploi dans la fonction publique. Pour ce faire, elle change de méthodologie et commence à enquêter par entretien. « Cette approche m’a permis de mettre en évidence les mécanismes de la précarité dans le monde du travail, notamment le décalage entre les normes et les attentes ». Côté enseignement, elle fonde en 2011 le master Métiers de l’enseignement et de la formation en sciences économiques et sociales (MEEF SES), prend la direction de son UFR et multiplie les directions d’ouvrages et les publications. En 2013, elle demande un congé pour recherche et mobilisant ses réseaux de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF), elle réalise un nouveau travail de recherche dans le cadre d’une enquête de terrain au Québec et en France sur la question du développement des services à domicile versus la désinstitutionalisation. « Grâce à ces travaux sur la vulnérabilité, je suis devenue coordinatrice ANR du projet franco-québécois ANR/FQRSC sur l’aide à domicile auprès des personnes âgées dont nous présenterons les résultats fin 2022 », complète l’enseignante-chercheuse. 

 

De responsabilité en responsabilité…

Directrice de l’IUT de l’Université Lille 3 en 2007, responsable du master 1 sociologie de l’UVSQ de 2008 à 2011, directrice de l’UFR des sciences sociales de 2010 à 2013, vice-présidente du jury d’agrégation interne puis externe en sciences économiques et sociales de 2009 à 2018 et présidente du jury d’agrégation interne depuis 2019, vice-présidente déléguée aux relations sociales et professionnelles de 2016 à 2017, directrice-adjointe et référente quinquennale de l’UFR des sciences sociales et responsable du master MEEF SES de l’UVSQ, codirectrice de la MSH Paris-Saclay jusqu’en février 2022 : que ce soit côté enseignement ou côté gouvernance, Maryse Bresson n’a jamais hésité à assumer des responsabilités. « Si j’ai accepté de porter toutes ces casquettes, c’est avant tout par goût pour la résolution de problèmes et l’envie de faire avancer les choses au sein des institutions qui m’employaient. Cette forme d’engagement correspond par ailleurs à mon goût pour l’interdisciplinarité et les regards croisés », précise l’enseignante-chercheuse. 

 

… jusqu’à la Graduate School Éducation, formation, enseignement

Forte de ces nombreuses expériences passées et de son appétence pour l’ouverture et la transversalité, c’est donc assez naturellement qu’elle accepte de devenir directrice-adjointe Recherche de la Graduate School Éducation, formation, enseignement de l’Université Paris-Saclay. « Je suis en effet convaincue qu’il est essentiel pour l’Université de développer la formation aux métiers de l’enseignement et d’innover autour des problématiques d’éducation. Autant de défis que je me réjouis de pouvoir contribuer à relever dans le cadre de la Graduate School », conclut Maryse Bresson.