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Si le harcèlement sexuel nous était conté

Recherche Article publié le 09 juin 2022 , mis à jour le 09 juin 2022

(Cet article est issu de L'Édition n°18)

L’historicisation du harcèlement sexuel, au coeur du projet Avisa, ouvre une fenêtre sur le passé des représentations textuelles, picturales, narratives ou cinématographiques de ce phénomène social. Pour mieux le neutraliser aujourd’hui. 

5 octobre 2017 : un grondement surgit du milieu du cinéma américain. Près d’une centaine de femmes, dont des actrices de renom, dénoncent dans plusieurs journaux et sur les réseaux sociaux les violences et les assauts sexuels qu’elles ont subis de la part du producteur hollywoodien Harvey Weinstein. Le mouvement MeToo, lancé en 2007 par la travailleuse sociale et militante afro-américaine Tarana Burke pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes des minorités, change d’échelle dans les mois qui suivent. Dans plusieurs pays, les femmes s’organisent et se mettent à défiler pour réclamer davantage de sanctions à l’encontre des agresseurs et faire cesser les violences sexuelles, dont le harcèlement sexuel. Le raz-de- marée #MeToo inonde les réseaux sociaux et en France, les dénonciations se font sous le hashtag #BalanceTonPorc. Le moment est historique : il consacre la libération de la parole des victimes dans tous les secteurs d’activité. « S’il est plus visible depuis la vague #MeToo, le harcèlement sexuel n’est pourtant pas “nouveau”, bien que ce délit ne soit entré que tardivement dans le droit », commente la spécialiste de civilisation britannique et d’histoire des idées Armel Dubois-Nayt, du laboratoire Dynamiques patrimoniales et culturelles (DYPAC – Univ. Paris-Saclay, UVSQ), et co-porteuse du projet « Avisa – Historiciser le harcèlement sexuel ». 

Pourtant, le monde semble alors prendre conscience de l’étendue du fléau qui gangrène nos sociétés. En octobre 2019, une enquête IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes menée en avril 2019 auprès d’un échantillon de plus de 5 000 femmes de cinq pays de l’Union européenne – Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni – représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus, révèle que 60 % des Européennes interrogées ont déjà été victimes d’une forme de sexisme ou de harcèlement sexuel au travail au cours de leur vie professionnelle, dont 21 % au cours des douze derniers mois. Elles sont 65 % à avoir déjà été victimes d’au moins une forme d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue. Un chiffre qui grimpe à 86 % pour les Françaises. Dès lors, le harcèlement sexuel apparaît comme un fait social omniprésent et toute stratégie de lutte implique de remonter aux origines du problème. Or, l’histoire du harcèlement sexuel reste encore par trop méconnue. 

 

Historiciser le harcèlement sexuel : un projet au long cours

Démarré en 2020 grâce à un financement Émergence de la MSH Paris-Saclay, le projet Avisa vise justement à faire émerger d’autres périodes dans le passé au cours desquelles des femmes et des hommes ont subi des actes relevant du harcèlement sexuel, les ont parfois dénoncés voire combattus juridiquement ou symboliquement. L’objectif est de montrer que le harcèlement sexuel a été représenté bien avant l’affaire Weinstein, qu’il a été condamné sans forcément être jugé devant les tribunaux et que des cas de harcèlement sexuel sont bien présents dans les archives.

Le projet, qui tire son nom d’une poésie narrative anglaise de 1594 où le personnage féminin repousse successivement les assauts violents de plusieurs prétendants, rassemble une trentaine de membres d’une quinzaine d’universités européennes. Linguistes, civilisationnistes, historiennes et historiens, sociologues du cinéma et de l’audiovisuel, spécialistes de littérature, d’histoire des idées, des arts et des pratiques artistiques..., travaillent ensemble à mettre en lumière l’histoire des représentations textuelles, picturales, narratives ou cinématographiques du harcèlement sexuel en Occident, du Moyen-Âge à l’époque contemporaine. « Tout l’enjeu est de travailler sur l’interdisciplinarité et de faire interagir sur ce sujet des personnes qui n’ont pas les mêmes compétences », commente la sociologue du cinéma Réjane Vallée, du Centre Pierre Naville (CPN – Univ. Paris-Saclay, Univ. d’Évry), et co-porteuse du projet Avisa.

Les précieux résultats issus de cette recherche collective viennent alimenter une plateforme numérique bilingue qui recensera les termes sous lesquels ces agissements ont été signalés et dénoncés. La plateforme hébergera également une liste de victimes, qu’elles soient des personnages historiques, réels ou fictifs. « Elle fera apparaître leurs noms, la preuve du harcèlement et la source dans laquelle on l’a trouvée », signale Armel Dubois-Nayt. En somme, se dessine une vraie topographie socio-historique des lieux propices au harcèlement sexuel. « En cartographiant nos trouvailles, on souhaite voir si des zones géographiques ou des fenêtres temporelles émergent, dans lesquelles le phénomène a été particulièrement aigu. » Pour l’heure, le projet ne s’intéresse qu’aux femmes victimes. « Nous avons souhaité commencer par un type de harcèlement avant d’ouvrir à d’autres », commente Réjane Vallée. 

Pandémie oblige, Avisa s’est jusqu’à présent déroulé essentiellement en distanciel sous la forme de webinaires. Les 9 et 10 décembre 2021 a eu lieu le premier colloque du projet intitulé « Écrire l’histoire du harcèlement sexuel sur la longue durée : nommer, dénoncer, représenter, mettre en image ou en musique ». L’occasion pour les participantes et les participants de s’entendre sur une méthodologie commune afin de débusquer dans l’histoire les réminiscences de cette violence sexuelle et d’aborder les textes, les films et les oeuvres d’art qui la représentent. Certaines et certains ont exposé la façon dont ce type de comportement a été mis en scènes et en mots au sein d’oeuvres littéraires ou de fiction (séries, films), ou comment il a été dénoncé afin de mieux le confronter. D’autres ont choisi de faire entendre la voix de femmes victimes de tels agissements, dont les témoignages émanent aussi bien du milieu de la danse, de l’opéra que du cinéma. Autant d’éléments qui alimentent la réflexion pour la suite du projet. 

 

Une même qualification mais plusieurs définitions

En premier lieu, l’équipe s’est attachée à clarifier ce qu’on appelle aujourd’hui « harcèlement sexuel ». « Le terme étant récent dans les usages, est-il possible de l’utiliser pour relater des faits et des phénomènes qui se sont passés à des périodes antérieures ? Ne serait-ce pas anachronique ? Y aurait-il d’autres mots pour faire référence à ce type de comportement ? », interroge Armel Dubois-Nayt. 

Défini dans le code pénal français par l’article 222-33 de la loi n°92-684 du 22 juillet 1992, le harcèlement sexuel a vu sa définition révisée en 2018 avec la loi n°2018-703 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. La définition fait désormais référence au « fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ».

La définition anglaise du harcèlement sexuel, harassment en anglais, n’implique, elle, pas de répétition de l’acte. « Une seule occurrence suffit », signale Armel Dubois-Nayt. Pour l’ONU Femmes, l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, le harcèlement sexuel « se réfère aux comportements très suggestifs impliquant des contacts physiques non consensuels, des attouchements, pincements, frottements à connotation sexuelle contre le corps d’une autre personne. Il peut aussi faire allusion à des comportements non directement physiques, comme des sifflets, des commentaires de caractère sexuel sur le corps ou l’apparence d’une personne, à des demandes de faveurs sexuelles, des regards soutenus et des fixations sur toute autre personne, le fait de la suivre ou de la guetter, ou encore à des actes d’exhibitionnisme ». 

Au vu de cette hétérogénéité de définitions, de la grande échelle de temps et de la diversité des zones géographiques abordées par Avisa, l’équipe a décidé d’aborder le harcèlement sexuel en dehors de tout cadre juridique. « On a décidé d’unifier les différentes définitions, française, anglaise, européenne », confirme Armel Dubois-Nayt.

 

Des premières évocations indirectes

Remonter aux premières évocations de harcèlement sexuel dans l’histoire n’est pas évident. « On peut dire qu’à minima le mot “harassement” est utilisé en français dans une idylle de Jean Vauquelin de la Fresnaye publiée en 1605, mais peut-être y a-t-il des occurrences antérieures que nous n’avons pas repérées, signale Armel Dubois-Nayt. Chloé Tardivel, impliquée dans le projet, a retrouvé des traces de harcèlement sexuel dans des affaires judiciaires de Bologne, en Italie, à la fin du XIVe siècle. » De tels agissements donnent-ils pour autant lieu à des dépôts de plaintes devant les tribunaux ou à des condamnations ? « Un des objectifs d’Avisa est justement de retrouver de quelle façon les signalements arrivent devant les tribunaux. Or, on s’aperçoit que jusqu’au début du XXe siècle, c’est toujours de manière indirecte. Les actions en justice sont menées pour d’autres raisons, et c’est dans le cadre de l’enquête qu’on apprend qu’il y a eu harcèlement sexuel. Comme lorsqu’un homme porte plainte contre une femme pour lui avoir donné une gifle et qu’on comprend ensuite que si elle l’a fait, c’est parce qu’il la harcelait. C’est seulement dans la seconde moitié du XXe siècle que les femmes commencent à porter plainte directement, explique Armel Dubois-Nayt. Par ailleurs, comme jusqu’au XXe siècle, on est dans une société de classes, on ne trouve des histoires de harcèlement sexuel qu’entre personnes de même classe. Par la suite, on trouve des cas où une domestique porte plainte contre son maître, quelque chose d’impensable sous l’Ancien Régime surtout si le maître est un aristocrate. »

Certaines spécificités nationales ou culturelles sont également abordées au sein d’Avisa, notamment la façon dont elles ont justifié ou expliqué le harcèlement sexuel. Actuellement, la zone géographique couverte par le projet est essentiellement européenne, avec la France, l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie, et quelques incursions dans le nord des États-Unis concernant Hollywood. « On reste très focalisé sur l’Occident. Mais on envisage d’ouvrir notre étude notamment à l’Inde, pour examiner le cinéma bollywoodien et sa façon de traiter les rapports homme-femme », souligne Réjane Vallée.

Car l’histoire du harcèlement sexuel et de ses représentations est aussi une façon d’interroger les rapports entre les sexes, leur évolution et le statut des femmes. Les plafonds peints médiévaux, étudiés par les historiennes Delphine Grenet et Maud Perez Simon, en donnent un bon éclairage. Ces éléments de décor retrouvés dans les palais des élites urbaines du XIVe et du XVe siècles affichent des scènes à l’atmosphère hétéroclite. Celles dites « courtoises » représentent des hommes et des femmes en interaction. « Or, certaines de ces scènes sont très connotées sexuellement, et leur lecture peut clairement se faire à l’aune du harcèlement sexuel », commente Armel Dubois-Nayt. Baisers, attouchements, gestes contraints et envahissants, le comportement de l’homme y est sujet à caution. « Pourtant, l’interprétation historiographique a retenu le qualificatif de “courtois”. » Dès lors, comment expliquer la présence d’un tel plafond dans l’intérieur domestique d’un palais seigneurial au Moyen-Âge ? Pourquoi y représenter de telles scènes et à qui s’adressent-elles ? Deux lectures sont possibles : « Soit il s’agissait d’un message destiné aux jeunes femmes et aux domestiques de la maison les mettant en garde contre les hommes et leur indiquant qu’elles devaient se montrer vertueuses. Soit ces scènes étaient destinées aux garçons de la demeure pour leur donner une image de la masculinité où le harcèlement sexuel était un faire-valoir », évoque Armel Dubois-Nayt. Selon l’interprétation privilégiée – une mise en garde ou une banalisation de la violence sexuelle –, « cela voudrait dire que le harcèlement sexuel faisait partie des rapports sociaux entre les sexes à certaines périodes ». 

 

Le jeu trouble des arts

Outre la peinture, la littérature entretient également un rapport ambigu avec le harcèlement sexuel. C’est le cas de la pastourelle, un genre poétique typique du Moyen-Âge. « Cette tradition littéraire met en scène un chevalier ou un prince qui tente de séduire une jeune paysanne ou une bergère, deux personnages affichant un rapport social hiérarchisé. La jeune femme y refuse les avances et les contacts de l’homme », commente Armel Dubois-Nayt. Tout cela n’est-il que faux-semblant ou le refus est-il sincère ? Là aussi, deux camps s’opposent : le premier affirme qu’il s’agit d’une convention littéraire où le rejet de la jeune femme ne peut être que feint afin de se conformer aux codes honorifiques de l’époque, voulant qu’une femme ne peut dire « oui » aux avances d’un homme, même s’il lui plaisait. Le second est quant à lui partisan d’une lecture plus actuelle de la scène, qui doit être requalifiée de harcèlement sexuel.

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Mais les autres formes d’arts ne sont pas en reste. « De façon générale, les professions artistiques où le rapport au corps est important sont touchées par le harcèlement sexuel. Le corps, qui est l’outil de travail des femmes, est exposé au regard des hommes et cela les rend particulièrement vulnérables », constate Armel Dubois-Nayt. Les danseuses de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle sont par exemple des proies toutes désignées. « Sur la base de récits rapportés par ces femmes, Hélène Marquié, impliquée dans Avisa, a retracé le parcours des danseuses, depuis les loges jusqu’à la scène, et a montré toutes les opportunités qu’avaient les hommes de les toucher et de les harceler », commente Armel Dubois-Nayt. Une liberté qu’ils s’autorisent car dans les mentalités de l’époque, la profession reste associée à la prostitution. « Les danseuses faisaient face à un déficit d’honneur et le fait qu’elles soient harcelées devenait moins condamnable. Cela faisait “presque” partie du travail. »

Autres artistes sujettes au harcèlement sexuel : les chanteuses d’opéra, comme l’a montré Caroline Giron-Panel. « Ici aussi, les femmes ont particulièrement été victimes de harcèlement, que ce soit dans l’exercice de leur métier ou dans les livrets d’opéra, présentant de façon récurrente des scènes de harcèlement sexuel. » Pour rappel, la grande majorité des opéras du XIXe siècle a pour intrigue un triangle amoureux campé par une soprano, un ténor et un baryton. Et comme l’indique à son époque l’écrivain et critique musical Georges Bernard Shaw : « Un opéra, c’est une soprano et un ténor qui veulent coucher ensemble, et un baryton qui s’efforce de les en empêcher ».

 

L’émergence du harcèlement de rue

Longtemps réalisé à domicile, le travail des femmes prend au XIXe siècle son essor au sein des fabriques et de l’industrie. Lieux mixtes par excellence, là aussi le harcèlement sexuel des femmes se fait sentir. L’historienne Anaïs Albert a analysé les archives des minutes des Prudhommes de Paris de 1850 à 1890 et s’est focalisée sur le travail des jeunes apprenties dans l’industrie textile. « Elle a trouvé des cas où les parents ont porté plainte afin de mettre un terme au contrat d’apprentissage de leur fille car ils estimaient qu’elle était victime de harcèlement sexuel », commente Armel Dubois-Nayt. Son étude pointe des situations de harcèlement sexuel distinctes et des actes de violence langagière à caractère sexuel. « Elles venaient aussi bien de la patronne qui insultait son apprentie en usant de propos à caractère sexuel, que de l’environnement dans lequel vivait l’apprentie, où les employés parlaient de sexe à outrance. » L’historienne repère des cas de harcèlement sexuel comportant des propositions, des invitations, des gestes non désirés, des intrusions du patron dans la chambre de l’apprentie qui loge sous son toit. Ces archives prudhommales – et d’autres – mettent également à jour le harcèlement de rue qui touche ces jeunes apprenties et les femmes modistes, créatrices de vêtements ou de chapeaux. « Elles doivent réaliser des achats pour leur patron et se retrouvent à devoir marcher dans les rues de Paris. Elles y sont la proie des “marcheurs” qui les suivent en les harcelant », souligne Armel Dubois-Nayt.

Avec l’arrivée du cinématographe, en 1895, le personnage du « marcheur », présent dans la presse et les ouvrages de la fin du XIXe siècle, prend une nouvelle dimension. « Le cinéma s’en inspire et reprend la même typologie : une femme poursuivie par un ou plusieurs “prétendants” dans les rues pendant qu’elle marche », explique Réjane Vallée. Mais le personnage y devient burlesque, il est un ressort comique. Il fait rire à ses dépens : le public rit de l’échec de ses tentatives, sans pour autant éprouver de l’empathie vis-à-vis de la jeune femme harcelée et victime du « marcheur ».

 

La récente remise en question du cinéma

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Le cinéma aurait-il banalisé le harcèlement sexuel ou ne fait-il que refléter une banalisation acceptée par de nombreuses sociétés ? « L’affiche de la comédie française Promotion Canapé, sortie en 1990, arborait tout de même la phrase : “Le harcèlement sexuel existe, nous l’avons rencontré” », rappelle Réjane Vallée. De même, dans la comédie américaine Mary à tout prix, sortie sur les écrans en 1998, personne ne s’émeut à l’époque du harcèlement sexuel exercé par plusieurs hommes sur Mary. « Mais ces éléments sont en train de changer profondément, commente Réjane Vallée. Et faire de tels films aujourd’hui ne serait plus envisageable. Au contraire, on trouve de plus en plus de films qui évoquent des procès et des enquêtes sur le harcèlement sexuel. »

Comme le démontre Olivier Caira, le traitement réservé aux personnages féminins des films de la franchise James Bond atteste de cette évolution. « Au début, les affiches exhibaient pléthore de jeunes femmes souvent dénudées, puis de moins en moins jusqu’à, sur les plus récentes, ne plus voir de femmes du tout, constate Réjane Vallée. Et selon la classe sociale à laquelle appartenait le personnage féminin – réceptionniste d’hôtel ou scientifique par exemple –, le harcèlement sexuel affiché par James Bond était plus ou moins bien accepté par le spectateur. » Mais ce qui était acceptable pour le spectateur dans les années 1960 ne l’est plus pour celui de 2010. « La question du harcèlement sexuel au cinéma est clairement une question de contexte et d’époque. »

Et l’époque post-affaire Weinstein n’a rien de neutre. « Initialement, on souhaitait s’arrêter à cette affaire, mais on a constaté qu’il nous fallait aller au-delà dans certains cas, rapporte Réjane Vallée. Par exemple dans la série Orange is the New Black, Jessica Jimeno constate un changement après cet évènement. Les équipes techniques comprennent davantage de femmes et les deux dernières saisons n’ont plus du tout la même approche : les scénarios se vengent désormais du harceleur. » 

Pour continuer le travail engagé, la MSH Paris- Saclay vient récemment d’octroyer un nouveau financement au projet. Deux workshops sont d’ores et déjà prévus en 2022 : l’un en juin et l’autre en septembre. Mais au vu de l’ampleur du travail, toute l’équipe se projette bien au-delà. « On espère créer un effet boule de neige et encourager d’autres chercheurs et chercheuses à s’engager sur cette thématique encore trop peu étudiée », conclut Armel Dubois-Nayt.